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La lutte contre la fraude fiscale constitue un impératif majeur pour l’État français, tant pour préserver l’équité du système que pour garantir la pérennité des recettes publiques. Chaque année, le manque à gagner dû aux détournements de TVA, aux sociétés écrans ou aux montages complexes est estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros, mettant en péril la capacité de financement des services publics et alimentant un sentiment d’injustice économique. Dans ce contexte, l’administration fiscale et les acteurs privés ont plus que jamais besoin d’outils fiables, exhaustifs et mis à jour pour détecter les comportements anormaux. C’est dans ce cadre que le répertoire SIRENE, géré par l’INSEE, prend toute son importance : véritable référentiel centralisant les informations juridiques, géographiques et administratives des entreprises et de leurs établissements, il permet de disposer d’une vision fine et consolidée du tissu entrepreneurial français. En croisant ces données avec celles issues d’autres bases publiques et en exploitant des techniques avancées d’analyse, il devient possible d’identifier plus rapidement les schémas frauduleux et de cibler les contrôles les plus à risque. Ce texte se propose d’explorer en profondeur la manière dont SIRENE contribue aujourd’hui à la lutte anti-fraude, en détaillant ses données, ses méthodes d’exploitation et les défis qu’il soulève.
La fraude fiscale revêt des formes multiples et évolutives, chacune ayant ses propres enjeux financiers et opérationnels. Parmi les plus emblématiques, on distingue la fraude à la TVA, souvent organisée sous forme de carrousels intra-communautaires, où des biens transitent à travers plusieurs États avant de disparaître sans que la taxe ne soit effectivement reversée au Trésor public. Par ailleurs, la disparition d’entreprises à la clôture, laissant derrière elles des dettes fiscales et sociales impayées, constitue un autre vecteur majeur de pertes budgétaires. Les estimations les plus récentes situent le préjudice global lié à ces pratiques entre 15 et 25 milliards d’euros par an, sans compter les effets induits sur la concurrence et la confiance des citoyens. Face à ces enjeux, l’administration se doit de disposer d’informations précises sur la vie juridique et économique des entités concernées, afin de cibler efficacement ses enquêtes et d’empêcher les fraudeurs de brouiller les pistes en multipliant les changements de statuts ou de domiciliation.
Pour les acteurs privés, comme les banques ou les cabinets d’audit, l’enjeu est double : d’une part, ils sont soumis à des obligations réglementaires de connaissance client (« KYC ») renforcées par la lutte contre le blanchiment , d’autre part, ils doivent se prémunir contre les risques réputationnels et financiers liés à l’ouverture de comptes ou à l’accompagnement de structures potentiellement illicites. Dans ce cadre, l’accès à un répertoire exhaustif, structuré et mis à jour régulièrement apparaît comme un socle indispensable à toute démarche de due diligence rigoureuse et conforme.
Créé dans les années 1970 et géré depuis par l’INSEE, le répertoire SIRENE (Système Informatique pour le Répertoire des Entreprises et de leurs Établissements) a pour vocation de recenser toute entité exerçant une activité économique sur le territoire national. Chaque entreprise se voit attribuer un numéro SIREN à neuf chiffres unique, tandis que chacun de ses établissements se voit dotés d’un numéro SIRET complémentaire. Outre ces identifiants, la base intègre des données essentielles telles que la dénomination sociale, la forme juridique, l’adresse, le code NAF et la date de création ou de cessation d’activité.
Si initialement SIRENE a été conçu pour répondre aux besoins de l’administration statistique et démographique, sa valeur ajoutée dans la lutte contre la fraude fiscale s’est rapidement imposée. En effet, la centralisation et la standardisation de ces données permettent de disposer d’une photographie précise et temporelle du paysage entrepreneurial, rendant plus aisée la détection de ruptures anormales (déménagements répétés, fermetures surprises) ou la mise en évidence de réseaux d’entités suspectes (sociétés écrans, holdings fictives). Ainsi, SIRENE se positionne comme un composant clé du dispositif anti-fraude, complémentaire des bases fiscales et bancaires, et comme un véritable pilier d’une approche globale et coordonnée.
La fraude à la TVA, notamment sous la forme de carrousels intra-communautaires, repose sur une chaîne de sociétés inscrites sur le registre SIRENE qui importent, facturent et revendent des marchandises sans reverser la taxe aux autorités. Chaque maillon de la chaîne peut disparaître ou changer de structure avant toute action de contrôle. Pour contrer ces stratagèmes, il est indispensable d’accéder aux données précises de chaque entité impliquée : dates de création, codes NAF relevant des commerces de gros, adresses géographiques et éventuels liens capitalistiques entre sociétés. L’analyse des variations soudaines dans la composition du réseau peut ainsi déclencher des alertes sur des flux financiers suspects et orienter les services fiscaux vers des investigations ciblées.
Au-delà des carrousels, l’émission ou la réception de fausses factures constitue une autre modalité de fraude à la TVA. Dans ce cas, un fournisseur factice génère des documents pour faire apparaître des opérations fictives, créant un droit à déduction insolent. Là encore, l’exploitation croisée des fichiers SIRENE et des registres fiscaux permet de détecter des incohérences : établissement récemment créé, absence de mouvement réel observé sur le plan comptable, ou rupture brutale de l’adresse déclarée. Cette vision globale améliore considérablement la capacité à repérer les montages frauduleux reposant sur la multiplication d’entités éphémères.
Parfois, la fraude consiste simplement à créer une société, à accumuler des dettes fiscales ou sociales, puis à la dissoudre sans laisser de trésorerie pour couvrir ces dettes. Le coût pour l’État et la sécurité sociale peut alors être très élevé, surtout lorsque la pratique est organisée sur plusieurs centaines de structures. Dans ce contexte, le suivi de la « vie » d’une entreprise via SIRENE devient crucial : la date de cessation d’activité, l’historique des établissements associés et les éventuelles réactivations successives fournissent un indicateur puissant de comportements frauduleux. Les services de contrôle peuvent ainsi analyser les profils présentant un taux anormal de fermetures et de réouvertures, ou une pratique répétée de changement de dirigeant à brève échéance, qui pourrait dissimuler un montage de type « phoenix ».
En complément, l’accès aux liens entre établissements — par exemple lorsque plusieurs SIRET partagent la même adresse — offre un moyen de reconstituer des grappes d’entités formant un réseau potentiellement frauduleux. La géolocalisation précise de ces nœuds restructure l’approche des investigations et concentre les efforts là où la complexité de la structure révèle souvent une volonté de dissimulation.
Les montages impliquant des sociétés écrans, souvent domiciliées dans des juridictions à fiscalité avantageuse, reposent sur l’interface entre acteurs domestiques et entités étrangères. Pour détecter ces schémas, la coordination des données SIRENE avec celles issues de fichiers internationaux est essentielle. Par exemple, l’analyse des propriétaires effectifs, désormais obligatoire dans certains cadres réglementaires, peut être croisée avec les informations de domiciliation et de forme juridique fournies par SIRENE. Les montages offshore comportent fréquemment des chaînes de détention opaques , la mise en évidence d’un ascendant ou d’une participation étrangère sur un capital déclaré en France constitue alors un indice fort pour initier un contrôle approfondi.
Par ailleurs, la comparaison des données NAF avec les secteurs d’activité réels observés sur le terrain, ou déclarés par d’autres institutions comme Tracfin, peut révéler des discordances significatives. Un code NAF de « conseil en gestion » pour une entité ne disposant d’aucun bureau tangible ou personnel sur le territoire traduit souvent une simple coquille vide destinée à masquer un flux financier illégal.
Au cœur du répertoire SIRENE figurent les identifiants essentiels : le numéro SIREN pour l’entreprise mère et les numéros SIRET pour chaque établissement. Ces références uniques offrent la certitude d’identifier sans ambiguïté toute entité économique, de la gigantesque multinationale au micro-entrepreneur. La notion de « siège social » versus « établissements secondaires » permet de comprendre la structuration interne d’un groupe et de repérer des configurations atypiques, par exemple un siège déclaré dans un logement résidentiel alors que les établissements secondaires sont situés dans des zones d’activité commerciale. La simple lecture de ces données peut suffire à soulever une première alerte et orienter un approfondissement par l’administration.
En complément, la forme juridique renseignée (SARL, SA, SAS, associations déclarées, etc.) donne un aperçu de la responsabilité des associés et de la nature de l’engagement financier. Des montages prédominants sous forme de sociétés de capitaux, sans apport de biens tangibles, ont souvent pour unique objet de faciliter le transfert de bénéfices ou la dissimulation de revenus. Le croisement avec les fichiers de l’URSSAF, qui enregistrent la déclaration des cotisations sociales, ajoute une dimension supplémentaire pour vérifier l’existence réelle d’une activité économique.
Chaque siège et établissement déclaré dans SIRENE est associé à une adresse précise, qui peut être géocodée sur un plan numérique. Cette information permet de créer des cartographies fines illustrant la densité d’implantation des entreprises sur un territoire donné. Dans le cadre de la lutte anti-fraude, la détection de concentrations anormales d’entités à une même adresse (parfois un simple local résidentiel) est un signal fort d’alerte. Ces « cohabitants » peuvent être des coquilles vides générées pour multiplier les flux factices. Les services fiscaux peuvent ainsi planifier des enquêtes de terrain ou requérir des pièces justificatives sur l’usage réel de l’adresse concernée.
Le suivi temporel des déménagements successifs, lorsqu’une structure change fréquemment de siège sans raison économique évidente, constitue un autre indicateur de montage frauduleux. Des scripts automatisés utilisant l’historique des adresses extraites de SIRENE peuvent générer des rapports sur les « sauts de domiciliation », ciblant les entités qui cherchent à échapper à la vigilance des contrôleurs locaux.
Le code NAF, codifiant la branche d’activité principale, offre un prisme sectoriel pour évaluer les risques de fraude. Certains secteurs, comme le BTP ou le commerce de gros international, sont historiquement plus exposés aux pratiques dolosives, notamment la dissimulation de main-d’œuvre ou la surfacturation. En combinant les informations NAF de SIRENE avec des données provenant d’autres sources (DGCCRF, Douanes, Urssaf), il devient possible de dresser des cartes de risques sectoriels et de prioriser les contrôles sur les segments à fort potentiel de fraudes.
La forme juridique, quant à elle, renseigne sur le régime de responsabilité et les obligations de publication comptable. Une SAS, par exemple, offre une grande flexibilité statutaire avec peu d’obligations de publication, ce qui peut faciliter la création de montages opaques. À l’inverse, une SA doit respecter des règles de gouvernance plus strictes et déposer des comptes annuels détaillés, offrant ainsi davantage de transparence. Ces distinctions, lorsqu’elles sont croisées, guident la stratégie de ciblage des entités les plus susceptibles de jouer sur les failles réglementaires.
La puissance de SIRENE réside en grande partie dans sa capacité à être relié à d’autres référentiels administratifs. Par exemple, la liaison avec FICOVIE, qui recense les comptes bancaires et produits financiers des contribuables, permet d’identifier les entreprises détenant des comptes à l’étranger ou multipliant les domiciliations bancaires sans justification opérationnelle. De même, l’interfaçage avec les fichiers de la DGFiP ou de l’Urssaf offre une vision consolidée des obligations déclaratives et des paiements effectués, révélant des écarts potentiels entre l’activité réelle et les déclarations officielles.
Ces croisements, automatisés ou manuels, nécessitent toutefois des protocoles de sécurisation et de traçabilité rigoureux pour respecter le cadre légal et garantir la confidentialité des données. Une fois mis en place, ils offrent un outil de surveillance en temps réel permettant de déclencher des investigations proactives, réduisant ainsi l’écart entre le moment de la fraude et sa détection effective.
Grâce aux liens capitalistiques et aux informations de direction renseignés dans SIRENE, il devient possible de construire des graphes de structure de groupe, révélant les circulations de participations entre sociétés. Ces cartographies visuelles aident à repérer les holdings fictives, les chaînes d’entreprises interposées et les détours juridiques destinés à brouiller la trace du bénéficiaire ultime. L’usage d’algorithmes de détection d’anomalies sur ces graphes met en évidence les configurations atypiques (cycles de détention, multiplications d’administrateurs identiques) qui constituent des signaux forts de structuration frauduleuse.
Par ailleurs, l’identification de ruptures soudaines de domiciliation — lorsqu’une entité passe d’un local professionnel à une boîte postale ou à une adresse résidentielle — est un indicateur précieux. Agrégées sur plusieurs incarnations d’une même entité, ces plongées ou déménagements suspects sont autant de jalons permettant de reconstituer un comportement systématique d’évitement des contrôles.
Le suivi dans le temps des événements déclarés dans SIRENE (créations, modifications, cessations d’activité, changements de dirigeants ou de codes NAF) permet d’instaurer un dispositif de veille continue. Des scénarios de surveillance peuvent être paramétrés pour déclencher une alerte dès qu’un seuil de créations massives d’établissements est atteint dans un secteur donné, ou lorsqu’un nombre anormal de changements de dirigeants est détecté sur une courte période. Ces notifications offrent aux opérateurs une capacité de réaction rapide, essentielle pour circonscrire les pertes fiscales avant qu’elles ne se matérialisent pleinement.
L’intégration de webhooks ou de flux open data en temps quasi réel garantit que les mises à jour cruciales sont immédiatement prises en compte dans les systèmes de détection, sans attendre les cycles de publication traditionnels. Cette réactivité constitue un atout considérable dans un environnement où les fraudeurs se réorganisent rapidement pour échapper à toute surveillance statique.
Les services fiscaux exploitent désormais SIRENE comme un outil central de sélectivité. Plutôt que de planifier des contrôles aléatoires, ils orientent leurs investigations vers les dossiers comportant des indices de fraude forts : créneaux de TVA anormalement élevés, multiplications de sociétés inactives ou chaînes d’établissements à la même adresse. Dans plusieurs régions pilotes, l’utilisation de SIRENE en amont de la programmation des contrôles a permis d’augmenter de 30 % le taux de redressement par rapport aux campagnes antérieures, attestant de la pertinence du ciblage fondé sur la qualité et la granularité des données.
Un exemple concret concerne la détection d’un carrousel de produits électroniques impliquant quatre sociétés intermédiaires. En croisant les datations de création, les destinations géographiques et les dirigeants communs extraits de SIRENE, l’administration a pu remonter la chaîne de facturation jusqu’à la source du montage, stoppant net un schéma générant près de 5 millions d’euros de TVA éludée.
Les banques, soucieuses de se conformer aux exigences KYC/AML, intègrent désormais des requêtes automatisées vers l’API SIRENE dans leurs processus d’ouverture de compte. Avant même la remise des premiers fonds, un screening du client et de ses éventuelles sociétés liées permet de vérifier l’ancienneté juridique, la cohérence d’activité et la solidité de l’adresse déclarée. En cas de soupçon, un rapport d’alerte est généré et le dossier est transmis aux cellules de compliance pour un examen approfondi. Plusieurs établissements financiers rapportent ainsi une réduction significative des fraudes internes et externes grâce à cette vérification systématique.
Les cabinets d’avocats et d’experts-comptables utilisent de leur côté les données SIRENE pour rédiger des due diligences complètes lors de fusions-acquisitions ou de levées de fonds. La confiance des investisseurs est renforcée lorsque chaque étape de l’historique d’entreprise et chaque lien capitalistique sont présentés de manière claire et vérifiable, limitant les risques de litiges ultérieurs liés à la découverte d’informations dissimulées.
Pour maximiser l’efficacité de la lutte contre la fraude, des protocoles d’échange formalisés ont été mis en place entre la DGFiP, l’INSEE et TRACFIN. Ces conventions assurent un transit sécurisé des données SIRENE vers les services en charge du renseignement financier, permettant d’alimenter les plateformes de remontée d’informations avec des extraits pertinents du répertoire. Des environnements techniques isolés et chiffrés garantissent la traçabilité et la confidentialité, tout en permettant aux analystes de disposer d’un panorama intégral des flux suspects.
Cette coopération se traduit également par des cellules mixtes de travail thématique, réunissant statisticiens, juristes et contrôleurs fiscaux, pour élaborer des scenarii d’investigation fondés sur la convergence de plusieurs indicateurs. L’approche collaborative a conduit à l’édition de guides pratiques inter-services, diffusés aux agents pour uniformiser les méthodes de détection et de remontée de signalements.
L’INSEE propose une API SIRENE complète, offrant des fonctionnalités de recherche multi-critères, des filtres par code NAF, département ou forme juridique, ainsi que des webhooks permettant de recevoir des notifications en cas de modifications d’une fiche. Ces services permettent aux développeurs de bâtir des tableaux de bord de surveillance automatisée, où chaque nouvel événement (création de SIRET, changement d’adresse) déclenche un processus de scoring interne destiné à évaluer le risque de fraude. L’intégration de ces flux open data dans des plateformes analytiques tierces accroît la réactivité et l’objectivité des décisions de déclenchement de contrôle.
Des exemples d’usage incluent la création d’alertes sectorielles en temps réel, où un responsable de conformité reçoit un e-mail ou un SMS dès qu’un nouveau SIRET pertinent pour son domaine d'activité entre en scène. Cette automatisation réduit les délais de réaction et empêche les montages frauduleux de se stabiliser avant d’être neutralisés.
Les modèles de scoring de risque fiscal recourent de plus en plus au machine learning. En exploitant l’historique des données SIRENE couplé à l’historique des redressements fiscaux, des algorithmes apprennent à reconnaître les patterns de comportement frauduleux : un taux élevé de sociétés créées puis dissoutes en moins de six mois, une concentration géographique suspecte ou une succession rapide de changements de dirigeants. Ces modèles sont ensuite déployés dans des environnements de big data où des millions d’entités sont passées au crible, générant des listes courtes d’« organismes à vérifier » pour les services de contrôle.
L’utilisation de l’IA prédictive permet également d’anticiper les secteurs potentiellement visés par de nouvelles formes de fraude, notamment liées à l’économie numérique ou aux crypto-actifs. En agrégeant des signaux provenant de sources non conventionnelles (forums, réseaux sociaux, données de transaction blockchain), ces systèmes adaptent en continu leur détection et garantissent une garde rapprochée face aux fraudeurs les plus innovants.
Pour les entreprises de toutes tailles, l’intégration de SIRENE dans les systèmes d’information (ERP, logiciels de paie, outils de facturation) facilite la mise en conformité et la prévention interne. Des connecteurs standardisés permettent de valider automatiquement la cohérence entre les données saisies (SIREN, adresse, code NAF) et celles du répertoire officiel. Lors d’une création de facture ou d’une déclaration sociale, un point de contrôle se déclenche, vérifiant la validité du numéro SIRET et alertant l’utilisateur en cas d’anomalie. Cette démarche préventive limite les risques de sanctions pour fausse déclaration et améliore la qualité des données internes.
Dans une PME, par exemple, l’activation d’un plugin SIRENE dans le logiciel de facturation a permis de réduire de 20 % les erreurs sur les numéros SIRET clients, tout en accélérant de 30 % le processus de vérification des nouveaux partenaires. L’effet collatéral est une confiance accrue du département comptable et une diminution notable des anomalies remontées par l’expert-comptable.
L’accès au répertoire SIRENE est soumis aux conditions fixées par l’INSEE et encadré par la licence d’utilisation des données publiques. Les utilisateurs doivent respecter les finalités déclarées, à savoir la gestion administrative, la recherche statistique et la lutte contre la fraude. Tout usage détourné, tel que la constitution d’un fichier commercial sans consentement, est proscrit. Par ailleurs, les dispositions du RGPD imposent des limites à la conservation des données à caractère personnel détectées dans SIRENE, notamment pour les dirigeants physiques. Un équilibre doit être trouvé entre la nécessité d’archiver l’historique des modifications et le droit à la suppression ou à la rectification des informations.
Les mentions légales obligatoires incluent l’attribution de la source (« Données issues du répertoire SIRENE – INSEE ») et le respect des conditions de réutilisation gratuite ou onéreuse selon les volumes requis. Les organismes publics bénéficient en principe d’un accès libre, tandis que les acteurs privés peuvent souscrire à des formules payantes pour des appels massifs ou des fonctionnalités avancées.
Les utilisateurs du répertoire SIRENE s’engagent à une utilisation de bonne foi, à savoir pour des finalités licites, non discriminatoires et proportionnées. L’exploitation abusive des données — par exemple en ciblant des entreprises concurrentes à des fins déloyales — peut engager leur responsabilité civile ou pénale. En matière fiscale, une mauvaise interprétation des informations extraites ne saurait exonérer l’utilisateur de ses obligations : il doit toujours recouper les éléments et solliciter, si nécessaire, des documents officiels complémentaires auprès des services compétents.
En cas de détournement, des sanctions sont prévues par le Code monétaire et financier, le Code des postes et des communications électroniques, ou encore le RGPD, selon la nature et la gravité de l’infraction. Les audits internes et les chartes de gouvernance IT recommandent donc d’instaurer des logs d’accès et des procédures de revue périodique pour s’assurer du respect des conditions d’usage.
Malgré la richesse du répertoire, certaines fiches SIRENE peuvent comporter des inexactitudes : numéros SIREN inactifs toujours présents, erreurs d’adressage ou omissions de dates de cessation. Ces anomalies proviennent parfois d’un délai de 30 à 60 jours entre la réception de l’information par l’INSEE et son traitement effectif. En contexte de fraude, ce laps de temps peut permettre à un malfaiteur de clore une entité avant même que le changement ne soit visible dans la base. Les systèmes d’alerte doivent donc intégrer une tolérance aux données « suspects but not updated », par exemple en classant prioritairement les événements datant de moins de deux mois.
Par ailleurs, la complétude des fiches dépend de la bonne volonté des déclarants et de l’exactitude des formulaires administratifs. Dans certains secteurs informels, les entreprises déclarent une activité générique ou une adresse de domiciliation commerciale pour ne pas dévoiler leur emplacement réel, rendant la détection plus complexe.
Le partage de données entre l’INSEE, la DGFiP, l’URSSAF et TRACFIN reste freiné par des obstacles techniques (interopérabilité des systèmes, formats hétérogènes) et organisationnels (compétences cloisonnées, absence de référent unique). Cette fragmentation limite la fluidité des remontées d’information et peut engendrer des doublons ou des délais superflus. Des chantiers de modernisation des SI sont en cours pour déployer des API standardisées et instaurer des passerelles sécurisées, mais la mise en œuvre effective prendra encore plusieurs années avant d’aboutir à une vision totalement intégrée.
En parallèle, la formation des agents aux nouveaux outils et méthodologies est essentielle. Sans appropriation réelle des interfaces et une compréhension fine des données, l’efficacité du dispositif reste amoindrie, malgré la disponibilité technique des flux.
Les fraudeurs ne cessent d’innover, intégrant aujourd’hui des technologies de cryptographie, des plateformes en ligne automatisées ou encore des crypto-actifs pour dissimuler les flux. L’utilisation de smart contracts pour organiser des paiements fractionnés, ou le recours à des services d’hébergement de sociétés sur Internet, complexifient la traçabilité traditionnelle fondée sur des registres papier et des adresses physiques. Face à cette évolution, les outils d’analyse de SIRENE doivent s’adapter en temps réel, en intégrant des modules de détection spécifiques aux nouvelles modalités de fraude, comme la détection d’anomalies de trafic Blockchain couplée aux participations déclarées en SIRENE.
Ce défi impose un effort continu de recherche et développement, associant experts fiscaux, data scientists et juristes pour anticiper et contrer les montages les plus sophistiqués.
L’avenir de la lutte anti-fraude fiscale repose sur la complémentarité de SIRENE avec les services des impôts et les acteurs privés. Pour accroître l’efficacité, plusieurs pistes peuvent être envisagées. Tout d’abord, la mise en place d’API dédiées permettant de remonter en temps réel les événements fiscaux (réception de déclarations, dates effectives de régularisation) renforcerait l’interfaçage entre les registres, offrant une vision proactive plutôt que rétrospective. Ensuite, le développement d’alertes sectorielles, modulées selon les spécificités de chaque branche (BTP, e-commerce, services numériques), permettrait d’affiner le ciblage et de déployer les ressources de contrôle là où le risque est le plus élevé.
Par ailleurs, la sensibilisation et la formation des agents de l’administration, mais aussi des professionnels (avocats, experts-comptables, banquiers), doivent être renforcées à travers des modules dédiés valorisant les bonnes pratiques d’exploitation de SIRENE. Enfin, l’adoption d’une intelligence artificielle éthique, reposant sur des modèles partagés en open source sous supervision publique, ouvre la voie à une veille collaborative et transparente. Dans un monde où la fraude évolue sans cesse, c’est la coopération entre tous les maillons de la chaîne – publics et privés – qui fera la différence, assurant à la fois l’intégrité du système fiscal et la confiance des acteurs économiques.