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Le rapprochement entre le répertoire SIRENE et les systèmes d’information de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) constitue un enjeu majeur pour la modernisation de la gestion fiscale en France. Cette démarche, longtemps attendue, offre un potentiel considérable en termes de fiabilité des données, de simplification des processus déclaratifs et de renforcement des contrôles. À travers une approche globale, intégrant les dimensions réglementaires, techniques et organisationnelles, cet article s’efforce de dresser un panorama complet et pratique de l’interfaçage, depuis le contexte institutionnel jusqu’aux perspectives d’avenir.
Le répertoire SIRENE, mis en place par l’INSEE en 1973, constitue la référence nationale pour l’identification des entreprises et de leurs établissements. Il recense plus de 10 millions de SIREN et SIRET, actualisés quotidiennement, et alimente un large écosystème de services publics et privés. La DGFiP, de son côté, recueille des volumes massifs de déclarations fiscales (TVA, impôt sur les sociétés, CVAE, etc.) et gère un devoir de contrôle et de recouvrement essentiel pour l’équilibre budgétaire. L’interfaçage entre ces deux entités vise à garantir la cohérence des données, à réduire la charge administrative, à sécuriser les processus et à renforcer la lutte contre la fraude. En mettant en synergie les bases SIREN et fiscales, l’administration aspire à offrir un service plus rapide et plus fiable aux usagers, tout en optimisant ses ressources internes.
D’un point de vue réglementaire, l’échange de données entre l’INSEE et la DGFiP s’inscrit dans un cadre défini par le Code général des impôts, le Code des relations entre le public et l’administration, ainsi que plusieurs conventions bilatérales. Sur le plan technique, des API robustes (API Sirene V3, API EDI-TDFC, TéléTVA, etc.) assurent une connectivité sécurisée. Enfin, le RGPD, complété par des politiques internes de la DGFiP, impose des garanties strictes pour la protection des données personnelles et professionnelles. Cet article s’adresse principalement aux directions fiscales, aux directions des systèmes d’information publiques, aux éditeurs de solutions fiscales et aux experts-comptables, en offrant une démarche structurée et des recommandations pour réussir la mise en œuvre.
Le répertoire SIRENE (Système Informatique pour le Répertoire des ENtreprises et de leurs Établissements) doit sa création à l’INSEE en 1973, dans un contexte de rationalisation administrative et de besoin croissant de cohérence des données économiques. Chaque entité se voit attribuer un identifiant unique (SIREN) et ses établissements sont identifiés par un SIRET. Ces données, centralisées et mises à jour quotidiennement à partir des déclarations légales (immatriculations, modifications, cessations), constituent la colonne vertébrale de nombreuses applications publiques et privées.
La DGFiP, de son côté, joue un double rôle : collecter les recettes fiscales et exercer un pouvoir de contrôle. Elle dépend du ministère de l’Économie et des Finances et dispose d’un réseau territorial d’agents chargés de l’instruction des dossiers et de la vérification de la sincérité des déclarations. Les échanges d’informations entre l’INSEE et la DGFiP sont formalisés par des conventions strictes qui définissent les modalités d’accès, de diffusion et de mise à jour des données. Le Code général des impôts et le Code des relations entre le public et l’administration fixent les obligations déclaratives, tandis que le RGPD encadre la protection des données à caractère personnel. Une attention particulière est portée aux questions de durée de conservation, de pseudonymisation et d’archivage sécurisé, afin de garantir la conformité et la traçabilité des traitements.
La DGFiP assure la gestion de multiples impôts (TVA, impôt sur les sociétés, CFE, CVAE, etc.) et coordonne les contrôles tant préventifs que correctifs. Chaque entreprise doit déposer ses déclarations selon un calendrier précis, souvent mensuel ou annuel, et peut bénéficier de services dématérialisés tels que TéléTVA ou la téléprocédure EDI-TDFC. L’interfaçage SIRENE permet d’automatiser le pré-remplissage des formulaires, de limiter les erreurs de saisie et de réduire les délais de traitement, tout en maintenant un niveau élevé de sécurité et de confidentialité.
Plusieurs textes juridiques régissent l’interfaçage : les articles du CGI portant sur les obligations déclaratives et les droits d’accès de l’administration fiscale, le Code des relations entre le public et l’administration qui garantit le droit à l’information et la protection de la correspondance, ainsi que des conventions spécifiques entre l’INSEE et la DGFiP fixant les modalités techniques, les fréquences d’échanges et les droits d’usage. Les éditeurs et les intégrateurs doivent également se conformer aux conditions générales d’utilisation des API Sirene, notamment en matière de quotas, de sécurité et de traçabilité.
L’échange massif de données implique une vigilance accrue quant à la protection des informations personnelles (nom, adresse, statut) et professionnelles. Une analyse d’impact relative à la protection des données (DPIA) doit être réalisée pour chaque projet d’interfaçage afin d’identifier les risques, de proposer des mesures de mitigation et d’assurer un suivi régulier. Les principes de minimisation, de limitation de la conservation et de pseudonymisation sont appliqués rigoureusement, et des audits périodiques garantissent la conformité avec le RGPD et la sécurité des infrastructures.
L’interfaçage vise d’abord une simplification des procédures fiscales : en transférant automatiquement les informations du répertoire SIRENE vers les formulaires de TVA, de CVAE ou d’impôt sur les sociétés, on limite drastiquement les saisies manuelles et on accélère la validation des déclarations. Les téléprocédures comme TéléTVA, déjà largement adoptées, deviennent encore plus ergonomiques et fiables grâce à des fichiers pré-remplis avec des données validées en amont.
Au-delà de la simplification, l’actualisation en temps réel des statuts juridiques, des coordonnées et des dirigeants permet de renforcer la fiabilité des traitements. Les délais entre une modification d’état civil d’entreprise (fusion, scission, cessation) et sa prise en compte dans les déclarations fiscales sont réduits, minimisant ainsi les erreurs et les rejets de formulaires. Ce gain de qualité contribue également à optimiser la gestion des contrôles et des audits, en assurant des données constamment à jour.
Le croisement systématique entre SIRENE et les déclarations fiscales offre un levier puissant pour détecter les fraudes. Des algorithmes peuvent analyser les déclarations de TVA ou d’IS au regard des adresses d’établissement, des lienships entre sociétés apparentées et des volumes de chiffre d’affaires déclarés. Les incohérences (fausses domiciliations, établissements fictifs, fraudes à la TVA intracommunautaire) sont identifiées en temps réel, permettant un pilotage plus ciblé des enquêtes et une meilleure allocation des ressources de contrôle.
Sur le plan budgétaire, la réduction des coûts liés aux saisies, aux vérifications manuelles et aux rectifications d’erreurs se traduit par une économie significative pour l’administration. Les délais de traitement des dossiers s’amenuisent, les agents peuvent se concentrer sur les contrôles à forte valeur ajoutée, et les entreprises bénéficient d’une meilleure lisibilité de leurs obligations. Ces gains se traduisent également par une amélioration de la qualité du service rendu et une plus grande satisfaction des usagers.
Le dispositif s’appuie sur l’API Sirene V3, qui propose des fonctionnalités de recherche par SIREN, SIRET, diffusion de fiches d’état civil et filtres géographiques. Les quotas d’appels, calibrés selon le profil de l’utilisateur (privé, public ou intégrateur), garantissent une répartition équitable des ressources. Les données sont accessibles en format JSON ou XML, facilitant l’intégration dans des systèmes hétérogènes.
Du côté de la DGFiP, les API EDI-TDFC et Portail Pro (TéléTVA, Télédeclaration) offrent des interfaces SOAP ou REST sécurisées. Les flux peuvent s’opérer en mode push (la DGFiP informe l’INSEE d’une modification) ou pull (l’INSEE restitue les données sur requête), selon les cas d’usage et les contraintes de latence. Les protocoles HTTPS et les mécanismes d’authentification mutuelle par certificats, associés à OAuth2 pour la gestion des tokens, assurent un haut niveau de sécurité.
Un schéma cible inclut un bus de services interconnectant le SI fiscal, le référentiel SIRENE et les ERP des experts-comptables. Les échanges s’appuient sur un orchestrateur d’API, un gestionnaire de flux asynchrones et un module de supervision capable de remonter les échecs et anomalies. Chaque service est décliné en couches fonctionnelles (accès, gestion des données, sécurité, log), favorisant la scalabilité et la résilience.
Le respect des principes de la sécurité by design impose d’intégrer dès la conception des mécanismes de chiffrement (TLS 1.2 ou supérieur), de gestion fine des habilitations (RBAC) et de suivi des sessions. Les tokens OAuth2 sont renouvelés périodiquement et stockés de manière sécurisée. Des audits réguliers et des tests de vulnérabilité complètent le dispositif pour assurer la robustesse face aux menaces potentielles.
La réussite du projet repose sur une démarche structurée en plusieurs étapes successives. La première consiste en une analyse approfondie des besoins : cartographier les processus existants (déclarations, contrôles, reporting), identifier les cas d’usage prioritaires (pré-remplissage TVA, vérification d’adresse) et établir les indicateurs de succès (temps de réponse, taux d’erreurs).
Le cahier des charges doit formaliser les exigences fonctionnelles et techniques, détaillant les SLAs attendus, les volumes de données et les modalités de tests. Les spécifications doivent couvrir la gestion des formats (XML/JSON), la normalisation des identifiants, les schémas d’échanges et les procédures d’authentification. Un accent particulier est porté sur la mise en place d’un plan de test complet, incluant des tests unitaires, d’intégration, de performance et de non-régression.
Lors de la phase de développement, l’intégration dans le SI fiscal et les ERP des experts-comptables implique de développer des connecteurs, de configurer les endpoints et d’adapter les formats. Les tests en environnement CAT (Centre d’Acceptation Test) permettent de valider les flux en conditions quasi réelles. La montée en charge progressive, avec une phase pilote restreinte, garantit la stabilité avant le déploiement à grande échelle.
Le déploiement s’accompagne d’un plan de communication interne et de sessions de formation pour les utilisateurs finaux. Des guides pratiques et des ateliers de partage d’expérience facilitent la prise en main. La phase d’exploitation comprend la surveillance des flux, la gestion des incidents et un support dédié pour traiter les anomalies.
Au-delà de la mise en production initiale, un dispositif de maintenance évolutive est indispensable. Il s’agit de suivre les évolutions réglementaires, d’adapter les API en fonction des nouvelles versions, de gérer les quotas et de maintenir la conformité RGPD. Des revues périodiques du registre des traitements et des audits de sécurité garantissent la pérennité du système.
Plusieurs administrations fiscales locales ont déjà déployé des prototypes d’interfaçage SIRENE–DGFiP avec des résultats probants. L’administration X, par exemple, a réduit de 40 % le taux de rejet des déclarations de TVA grâce à un pré-remplissage automatique des adresses et des codes activités. Les délais de traitement ont été divisés par deux, permettant aux agents de se concentrer sur des contrôles à plus forte valeur ajoutée. Les intégrateurs techniques ont souligné l’importance d’une documentation exhaustive et d’un accompagnement méthodologique.
Chez la PME Y, l’interfaçage a supprimé près de 30 % des saisies manuelles pour les déclarations de CVAE et d’IS. En centralisant les données dans leur ERP, les experts-comptables ont gagné en efficacité et en fiabilité. Cette démarche a également renforcé la relation client, grâce à des rapports automatisés et des alertes en cas d’anomalie détectée.
Les cabinets d’expertise-comptable se tournent de plus en plus vers des offres packagées intégrant le connecteur SIRENE, permettant de mutualiser les coûts et de proposer un service à la fois compétitif et sécurisé. Ces solutions clés en main intègrent un guichet unique de gestion des déclarations, simplifiant l’accès à l’information et renforçant la valeur ajoutée du conseil.
Un comité de pilotage multi-acteurs (DGFiP, INSEE, MOA, MOE, éditeurs) assure la gouvernance de bout en bout, définit les priorités et pilote les évolutions. L’adoption de méthodes agiles permet de gérer les changements réglementaires et techniques en continu, tandis que certains projets s’appuient encore sur un cycle en V pour les livraisons majeures.
La normalisation est un facteur clé de succès : usage systématique des codes NAF, des codes géographiques INSEE et, à terme, alignement avec la norme ISO 20022 pour les échanges inter-administrations. La traçabilité des identifiants et la cohérence des référentiels garantissent l’interopérabilité et facilitent l’ouverture des services à de nouveaux tiers (notaires, banques, plateformes de financement).
Enfin, la montée en compétences des agents fiscaux, des DSI et des experts-comptables passe par des modules de formation dédiés, des ateliers pratiques et une documentation détaillée. Les retours de bonnes pratiques, partagés lors de workshops, nourrissent une dynamique d’amélioration continue et favorisent l’appropriation des outils.
À l’horizon de quelques années, l’objectif est de bâtir un véritable guichet unique numérique, rassemblant non seulement SIRENE et la TVA, mais également les données Urssaf, douanes, Intrastat et européennes (VIES, EORI). Cette convergence contribuerait à simplifier drastiquement les obligations des entreprises et à renforcer la compétitivité du tissu économique français.
L’introduction de l’intelligence artificielle pour l’analyse prédictive des comportements à risque constitue une piste d’évolution majeure. Des modèles de scoring fiscal, couplés aux données SIRENE, pourraient identifier précocement des schémas frauduleux ou des zones à fort risque, permettant une allocation optimisée des moyens de contrôle.
Enfin, l’ouverture calculée aux tiers de confiance (notaires, banques, plateformes de crowdfunding, assureurs) enrichira l’écosystème open data autour de SIRENE, tout en préservant les garanties de sécurité et de confidentialité. Cette mutualisation des données contribuera à une meilleure connaissance du tissu économique, bénéfique tant pour l’administration que pour les acteurs privés.
L’interfaçage de SIRENE avec les services fiscaux représente un catalyseur de transformation administrative, technique et organisationnelle. Les premiers retours montrent des gains significatifs en termes de fiabilité, de productivité et de lutte contre la fraude, tout en améliorant l’expérience utilisateur. Les facteurs clés de succès résident dans le respect du cadre réglementaire, l’adoption de normes d’interopérabilité, la vigilance permanente sur la sécurité et la protection des données, et une gouvernance participative. En conjuguant expertise technique, agilité méthodologique et cœur de métier fiscal, ce projet place la France à la pointe de la modernisation des systèmes d’information publics, ouvrant la voie à une véritable collaboration entre administrations et acteurs économiques.